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La xénophobie n'est pas la solution

2015-11-09

中国与非洲(法文版) 2015年5期

La xénophobie n'est pas la solution

SOUS le regard horrifié de l'Afrique et du monde, des groupes de vandales

sud-africains chassent des Africains venant d'autres endroits du continent.

Les attaques xénophobes les plus récentes, menées par des foules brandissant des machettes et des couteaux, rappellent les douloureux souvenirs de 2008, lorsque le pays avait été heurté par de violents assauts sur des ressortissants africains. Nous avions déjà vu ces scènes - et elles ne sont pas plaisantes. En réalité, si les attaques xénophobes sont récurrentes dans le pays, la récente explosion de violence a été provoquée par un discours prononcé en avril par le chef du groupe ethnique zoulou King Goodwill Zwelethini. Celui-ci a déclaré à ses partisans que les étrangers étaient liés au crime et qu'ils devaient quitter le pays. Cependant, il a ensuite nié être à l'origine de la violence, affirmant que ses mots avaient été sortis de leur contexte.

Une partie des Sud-Africains au chômage blâment les étrangers africains de leur prendre « leurs » emplois, d'ébranler les entreprises locales et de contribuer à augmenter le taux de criminalité. Les emplois manquent déjà en Afrique du Sud, avec un taux de chômage de plus de 25 %, touchant plus de 5 millions de personnes. Les analystes pointent également du doigt la facilité à traverser illégalement les frontières, la pauvreté et la corruption croissante comme autant d'explications aux attaques xénophobes. Les migrants fuient vers l'Afrique du Sud à la recherche de meilleures conditions de vie, par rapport à des pays pauvres ou en guerre.

Ces attaques violentes ne font pas la distinction entre les étrangers qui sont illégalement en Afrique du Sud et les migrants légaux. Le ministre des Affaires intérieures Malusi Gigaba a été prompt à dissiper les craintes : répondant à une question posée par un média durant une conférence de presse, il a affirmé que la violence n'était absolument pas dirigée contre les Chinois, mais plutôt contre les migrants africains en Afrique du Sud. ll a également appelé les pays à continuer à investir en Afrique du Sud, avec l'assurance gouvernementale que le pays resterait une démocratie et un État de droit.

Dans un effort pour distancier les attaques du stigmate de la xénophobie, le ministre de la Police Nathi Nhleko les a décrites comme des exemples d'« afrophobie », ce qui est une distinction purement sémantique. Peu importe le nom utilisé, la situation a nui aux intérêts de l'Afrique du Sud à l'international. Des protestations ont éclaté dans plusieurs ambassades d'Afrique du Sud en Afrique, et les nombreuses entreprises sud-africaines sur le continent craignent d'être prises pour cibles. Le Malawi et le Zimbabwe ont vite évacué leurs citoyens qui craignaient pour leur vie, et plusieurs pays ont appelé à boycotter les produits sud-africains.

Le président Jacob Zuma et des officiels du gouvernement sud-africain ont présenté leurs excuses au reste de l'Afrique pour les citoyens qui se sont si mal comportés, prenant des mesures pour éliminer les attaques, restaurer la paix et aider au rapatriement. Mais sur les médias sociaux, de nombreuses critiques ont fusé contre la réaction trop lente du gouvernement et son manque d'initiative dans des problèmes d'importance nationale.

Les Sud-Africains qui visent en priorité les ressortissants d'autres pays africains devraient se souvenir qu'ils ne vivent pas isolés du reste du monde. Le message de réconciliation de Nelson Mandela, l'esprit africain de l'ubuntu (compassion et humanité) ainsi que le concept de pan-africanisme semblent avoir déserté la « nation arc-en-ciel ». Cependant, l'espoir existe, et les Sud-Africains pacifistes se rassemblent pour condamner la violence, quels que soient les problèmes auxquels le pays doit faire face.

LE RéDACTEUR EN CHEF

Nos contributeurs ce mois-ci...

He Wenping, chercheuse à l'lnstitut Charhar et directrice à l'lnstitut de recherche sur l'Asie de l'Ouest et l'Afrique relevant de l'Académie chinoise des sciences sociales

Walter Ruigu, Directeur Général de China Africa Merchants Advisors Ltd. (CAMAL), une société de conseil en commerce et investissement basée à Beijing et à Nairobi (camaltd.com).