Par HU BILIANG

Depuis le lancement de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) il y a dix ans, beaucoup de programmes ont été mis en œuvre, la vision étant devenue réalité.Ces derniers jours, je me suis demandé pourquoi cette initiative avait obtenu le soutien et la participation d’un grand nombre de pays et d’organisations internationales, et pourquoi certains pays continuent de se méprendre sur cette initiative, déforment ses objectifs et l’attaquent.

Résultats fructueux

Examinons tout d’abord les résultats de l’ICR à travers quelques réalisations.Au 6 janvier 2023, la Chine a signé plus de 200 documents de coopération dans le cadre de l’ICR avec 151 pays et 32 organisations internationales.Un grand nombre de projets de construction des infrastructures du transport ont été réalisés, notamment le chemin de fer Chine-Laos, le chemin de fer Mombasa-Nairobi, le chemin de fer Éthiopie-Djibouti, la route du Karakoram, le pont de Padma au Bangladesh,le pont de Pelješac en Croatie et le port de Gwadar au Pakistan.Beaucoup de projets de production d’électricité ont également été mis en service,tels que la centrale nucléaire de Karachi et la centrale hydroélectrique de Karot au Pakistan, le complexe solaire Noor Ouarzazate au Maroc et la centrale éolienne de De Aar en Afrique du Sud.De plus en plus d’entreprises chinoises et étrangères se sont engagées dans la construction des parcs industriels à travers les pays en développement,tels que le Parc industriel sino-biélorusse et le Parc industriel sino-thaïlandais de Rayong.La Chine a construit avec des pays adhérents de l’ICR une multitude de laboratoires pour mener des recherches ou des coopérations sur la lutte contre la désertification, l’agriculture moderne,les soins médicaux, la biologie maritime et les nouvelles énergies, entre autres.Grâce à la technologie chinoise de la culture du riz hybride, le rendement des céréales dans des pays africains a considérablement augmenté.Les habitants d’États insulaires du Pacifique Sud ont pu sortir de la pauvreté à l’aide de la technologie Juncao(une technologie inventée par la Chine utilisant de l’herbe pour faire pousser des champignons).Les trains de fret Chine-Europe ont contribué à la stabilité des chaînes d’approvisionnement et des chaînes industrielles sur le continent eurasiatique.Le nouveau système de communications terre-mer de l’Ouest a relié plus de 300 ports dans plus de 100 pays.

Au cours des dix dernières années, les entreprises chinoises ont investi près de 1 000 milliards de dollars dans le cadre de l’ICR, profitant aux pays adhérents qui représentent 65 % de la population mondiale.L’ICR a amélioré l’état des infrastructures dans ces pays, a permis à la population locale d’avoir un meilleur accès à l’éducation et aux soins médicaux, a réduit le coût du transport, a créé de nouveaux emplois et, en somme, a contribué à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté dans ces pays.

Les entreprises chinoises ont également profité de l’ICR pour élargir leur marché à l’étranger.De plus, les grands projets de construction ont renforcé la coopération commerciale entre la Chine et les pays adhérents.L’ICR a, par conséquent,contribué au développement gagnant-gagnant de la Chine et des pays adhérents.

Clés du succès

Je pense que le succès de la première décennie de l’ICR tient en trois points.Premièrement,l’ICR se résume à favoriser le développement.Elle vise à réaliser le développement par tous les moyens et dans tous les domaines, par exemple,le développement des infrastructures, de l’énergie, du commerce, de l’agriculture et des zones rurales,l’industrialisation et l’urbanisation, au niveau régional, national et mondial.La croissance économique est la base et la priorité du développement, pouvant accélérer la modernisation d’un pays et favoriser l’épanouissement de l’humain.Le développement social est également primordial et contribue à la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies.

Deuxièmement, l’ICR a emprunté une voie de développement qui commence par la construction des infrastructures.Une meilleure interconnexion des infrastructures mondiales permet de faciliter la circulation des facteurs de production et de réduire les coûts, promouvant ainsi le développement régional ou mondial.

Troisièmement, l’ICR a établi un bon système qui a clairement pour objectif de promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité, de s’en tenir à l’ouverture et à la tolérance, d’adhérer au principe dit « concertation,synergie et partage » et de mettre en pratique une série de mesures appropriées.

Vue de la gare de Luang Prabang sur la ligne ferroviaire Chine-Laos, le 16 avril 2023.Luang Prabang est devenu une destination touristique pour les Chinois.

Quelques dissonances

Maintenant que l’ICR a obtenu des résultats fructueux, pourquoi certains s’y opposent encore ?

Premièrement, certains interprètent mal cette initiative.Son leitmotiv est de favoriser le développement, mais certains pays pensent à tort que la Chine l’instrumentalise au service des visées hégémoniques.Dans le cadre de l’ICR, la Chine a construit beaucoup d’infrastructures pour faciliter la circulation des facteurs de production.Cependant, pour certains, la Chine a tendu un piège de la dette aux pays adhérents pour les manipuler sur le plan politique et les piller sur le plan économique, ce qui serait une sorte de néocolonialisme.De plus, l’ICR étant assez récente,les études collaboratives et la communication internationale en la matière laissent encore à désirer, d'où ces malentendus.

Deuxièmement, certains pensent que les projets de construction dans le cadre de l’ICR présentent plusieurs problèmes.Par exemple,dans certains cas, les informations des projets ne seraient pas assez transparentes ; certains projets auraient porté atteinte à l’environnement en polluant ; certains projets n’auraient pas offert assez de postes aux habitants locaux, et surtout aux femmes ; et il y aurait des problèmes de corruption.Pourtant, les points de vue divergent sur l’interprétation des faits.

À en juger par les enquêtes de terrain que j’ai menées dans plus de 20 pays concernant des projets de construction dans le cadre de l’ICR,cette dernière a joué un rôle positif dans les transports, la production d’électricité, la promotion des échanges commerciaux, l’industrialisation, la garantie de la sécurité alimentaire, la création de nouveaux emplois, la réduction de la pauvreté, l’augmentation des exportations et l’amélioration du niveau des soins médicaux des pays adhérents.

J’ai également constaté que certains projets ont rencontré des difficultés.Par exemple, certains projets ont été confrontés à une pression financière après leur mise en service ; certains parcs industriels n’ont pas réussi à attirer des investisseurs après leur construction ; certains projets n’ont pas été équipés des installations nécessaires après la construction, affectant ainsi leur fonctionnement ; la construction de certains projets ne s’est pas bien déroulée et a même été interrompue à cause de la situation politique agitée du pays.

Troisièmement, certaines grandes puissances font exprès de déformer et d’attaquer l’ICR, et tentent même de la contrecarrer, au service de leurs propres visées stratégiques.

Améliorations nécessaires

Par conséquent, nous devons avoir une vision objective de l’ICR et améliorer nos efforts sous deux aspects.

Premièrement, le gouvernement chinois et les entreprises concernées devraient maintenir une coopération plus étroite avec le gouvernement et les entreprises des pays adhérents de l’ICR.Les projets de construction dans le cadre de l’ICR doivent non seulement contribuer à la croissance économique de ces pays, mais aussi à leur développement social, surtout en ce qui concerne les droits de l’homme tels que le droit à l’emploi, le droit à l’éducation, le droit à la sécurité, le droit à l’environnement, le droit des femmes ou encore le droit des enfants.

Deuxièmement, les entreprises chinoises devraient développer leur capacité de prévention des risques, car les projets d’infrastructures demandent des investissements colossaux et un temps de retour sur investissement assez long,et s’exposent aux impacts géopolitiques et macroéconomiques.Les entreprises chinoises devraient renforcer leur capacité de prévention des risques politique, économique, social, culturel et juridique, mais aussi des risques pays, des risques de projet et de secteur pour assurer la sécurité des investissements et la viabilité financière des projets.

En conclusion, la Chine doit renforcer la coopération avec les pays de l’ICR et travailler avec application pour perfectionner cette initiative.Il faut montrer que l’ICR apporte des avantages tangibles aux pays adhérents, y fait progresser les droits de l’homme, promeut le développement commun dans le monde, améliore le bien-être des populations et favorise la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.