par Li Xiaoyu

À travers la cession des droits d’exploitation,un district de la province du Jiangsu pratique l’exploitation agricole d’échelle, qui s’est révélée être un outil utile dans la lutte contre la pauvreté

La machinerie agricole est désormais monnaie courante dans le bourg de Shuanggou, au Jiangsu.

l’épandage par les drones dans les champs de maïs : de la science-fiction pour le bourg de Shuanggou d’autrefois, où des milliers d’hectares de terres étaient exploités par parcelle par ses villageois. Aujourd’hui, pourtant, les drones,dont le prix s’élève à plus de 60 000 yuans pièce (9 500 dollars), y sont monnaie courante. Un changement de perspective qui trouve son explication dans les exploitations d’échelle, mises en avant comme un moyen efficace pour « réaliser la modernisation agricole et l’augmentation des rendements »dans le rapport du XIXeCongrès du Parti communiste chinois (PCC).

Sortir des sentiers battus

Le bourg de Shuanggou, qui relève du district de Suining de la province du Jiangsu,est composé de 25 villages, qui ont créé leurs propres coopératives agricoles en mai 2016. En acquérant des parts dans ces structures, les villageois cèdent leurs droits d’exploitation sur les terres. Les coopératives, elles, louent ensuite ces terres aux fermes collectives et aux grands exploitants agricoles. 3 700 hectares de terres ont ainsi été mis à la disposition des coopératives,dont 2 080 sont exploités par les fermes collectives.

Rendons-nous maintenant à Jiwan, l’un des villages de Shuanggou. Autrefois, les 200 hectares de champs étaient répartis entre 700 foyers, qui manquaient de moyens techniques etfinanciers pour exploiter efficacement leurs terres. Avec la création des coopératives, on y pratique de manière uniforme les semailles, la moisson et l’épandage à la machine, de sorte que les rendements par hectare ont doublé.

Les exploitations d’échelle facilitent aussi la restructuration. À Guanlu, un autre village de Shuanggou, les coopératives ont testé la culture d’une nouvelle espèce de maïs.Quatre mois plus tard, l’expérience porte ses fruits et le bénéfice s’élève à 800 000 yuans (127 000 dollars). « On a cultivé pendant des décennies le blé, le soja, et le maïs sans jamais penser à restructurer. C’est un moyen efficace pour aider les villageois à s’enrichir », affirme Dong Gan, un responsable du village de Guanlu.

Pour mieux servir ses coopératives, le bourg a créé Qiuge en 2016, une entreprise de services agricoles, pour un coût de 20 millions de yuans (3,2 millions de dollars).Avec ses trois centres, la gamme de services de l’entreprise s’étend de l’approvisionnement en matériel, au soutien technique, en passant par la vente, le séchage, l’entreposage, et l’entretien des machines. En juin 2016, Qiuge a ainsi fait l’acquisition de dix drones pulvérisateurs pour 600 000 yuans(95 000 dollars) pour la protection phytosanitaire des 2 000 hectares de champs du bourg, et des régions environnantes.

Faire peau neuve

Grâce à ces nouvelles méthodes, les revenus collectifs et individuels de Shuanggou ont connu une nette augmentation. Au niveau collectif, en 2016, les fermes collectives du bourg ont réalisé un chi ff re d’affaires de 17,6 millions de yuans (2,8 millions de dollars) et un bénéfice de 3,6 millions de yuans (569 000 dollars). La même année,Qiuge a vu son bénéfice s’élever à 500 000 yuans (79 000 dollars).

Les drones utilisés pour l’épandage des pesticides facilitent le travail des agriculteurs.

À titre individuel, les agriculteurs touchent jusqu’à 800 yuans (127 dollars) par mu par an en cédant leurs droits d’exploitation,mais ils bénéficient aussi des dividendes des fermes collectives, qui se sont établis à 56 yuans (9 dollars) par mu (1/15 hectare)par habitant en 2016. Dans le même temps,comme les terres sont désormais exploitées collectivement et mécaniquement, les agriculteurs, libérés du travail dans les champs,peuvent être employés dans les coopératives, les fermes collectives ou les usines de la communauté. Chaque coopérative peut générer au moins dix emplois permanents,pour un salaire annuel de 20 000 yuans(3 200 dollars), et près de 2 000 emplois temporaires, avec un salaire annuel établi à 6 000 yuans (950 dollars).

Avec l’augmentation de leurs revenus,les résidents de Shuanggou ont aussi vu leur environnement s’améliorer. En deux ans, le district de Suining a construit 72 communautés résidentielles pour ses habitants. On y trouve non seulement des supermarchés, mais aussi des crèches,des musées et des cliniques.

Selon Jia Xingmin, secrétaire du Comité du PCC pour le district de Suining, pendant le XIIIePlan quinquennal (2016-2020), son district comptera plus de 100 communautés résidentielles grâce à l’habitat collectif(versus les anciennes résidences individuelles des exploitants), permettant de générer 6 666 hectares de nouvelles terres.De la même manière, la moitié des villages sous sa juridiction sera urbanisée. « Dans un avenir proche, la campagne prendra un aspect tout nouveau, l’agriculture deviendra une industrie prometteuse et l’agriculteur sera une noble fonction », prévoit M. Jia avec optimisme.