APP下载

Devenir Chinois à la carte

2017-11-14WANGKUAN

今日中国·法文版 2017年11期

WANG KUAN*

Devenir Chinois à la carte

WANG KUAN*

Au fur et à mesure que s’accroît l’influence chinoise sur la scène internationale, les vocations se multiplient parmi les étrangers pour venir investir, travailler et vivre en Chine. La carte de résidence permanente,souvent appelée « carte verte », est donc de plus en plus demandée. En 2017, la Chine a intégralement réformé son système de permis de résidence, notamment en simplifiant le dossier de candidature et en organisant un traitement séparé pour les étrangers qualifiés, des mesures qui facilitent l’accès aux étrangers désireux de s’établir en Chine.

Des fonctions à la carte

Le 24 juin, lors de la cérémonie d’ouverture du Festival international du film de Shanghai, Stephon Marbury, membre étranger de l’équipe de basket des Beijing Ducks, a gagné le prix annuel du meilleur espoir. Il ne s’attendait vraiment pas à recevoir ce prix qui fait la une des principaux médias : en entendant prononcer son nom, il est resté bouche bée pendant un instant.

M. Marbury est le premier bénéficiaire de ce statut d’« assistance étrangère active » de l’histoire de l’Association chinoise de basket-ball à obtenir la carte de résidence permanente en Chine. Depuis sept ans qu’il joue en Chine, il a gagné le cœur d’un grand nombre de fans chinois. Une« contribution spéciale » qui lui a valu,en 2015, de décrocher le sésame d’une carte de résidence permanente en Chine.Recevant sa carte nominale, il a déclaré que ce jour était historique pour lui, et qu’il se sentait véritablement pékinois en ce moment. Cette carte, il l’a exhibée avec fierté lors d’une émission de télévision.

C’est en 2013 que la Chine a adopté un premier système de carte de résidence permanente pour les étrangers, mais le principe de la résidence permanente était encore peu connu. L’obtention de la carte par M. Marbury a créé lebuzzet révélé au plus grand nombre l’existence de cette« carte verte chinoise ».

Selon le règlement de la carte de résidence permanente, la carte verte est octroyée à quatre catégories de personnes : ceux qui investissent en Chine, les porteurs d’une qualification spéciale, le regroupement familial et la catégorie particulière des « contributions spéciales »,cette dernière correspondant à la situation de M. Marbury.

En février 2017, le gouvernement chinois a imprimé et distribué leProjet de réforme de la facilitation de la carte de résidence permanente des étrangers.Ce projet transforme l’ancien permis de séjour en carte d’identité de séjour, la réglementation des moyens et des conditions de demande, la procédure et les normes d’approbation, le coût et la durée de validité de la carte restant conformes à ceux du permis de séjour. Le principal changement est que la nouvelle carte verte, à l’instar de la carte d’identité des citoyens chinois, peut être présentée et utilisée comme un document unique, ce qui d’une part donne aux étrangers en Chine un fort sentiment d’appartenance et de sécurité, et d’autre part présente toute une série d’avantages pratiques.

L’étranger titulaire d’une nouvelle carte chinoise de séjour peut ainsi inscrire ses enfants dans une école, passer l’examen du permis de conduire, acheter un bien immobilier ou encore se marier. S’il travaille en Chine, il peut bénéficier du système de sécurité sociale chinois et utiliser les fonds collectifs de logement. En bref, il bénéficie au maximum du « traitement national » et ne rencontre plus de contraintes liées à son identité étrangère.

Le 16 juin 2017, un étranger présente sa carte de résidence permanente en Chine, à Hangzhou.

Fan Weishu, cadre supérieur chez Mu-nich RE, travaille à Beijing depuis sept ans. Sa vie est plus pratique depuis qu’il a obtenu sa première carte de résidence permanente.

« Je vous donne un exemple :lorsque j’utilisais mon passeport étranger, je ne pouvais pas enfourcher un Mobike, ni utiliser Alipay,ni demander une carte d’achats au supermarché : toutes ces opérations nécessitent une carte d’identité. Pour prendre le TGV, il me fallait faire la queue au guichet pour obtenir mon billet, alors que les Chinois embarquent sur la foi de leur carte d’identité. » Depuis qu’il possède sa nouvelle carte de séjour, Fan Weishu bénéficie d’un grand nombre de services qui facilitent la vie des citoyens chinois.En outre, sa carte de séjour étant valable dix ans, nul besoin de prolonger la validité de son visa pendant cette période.

Les points importants de la réforme de la « carte verte chinoise »

Élargir le cadre de délivrance de la carte

Redéfinir les situations qui donnent le droit de faire une demande de séjour permanent et assouplir les conditions à remplir pour faire une demande

Mettre en place des traitements qualifiés de qualité

Établir un mécanisme d’intégration dans la société et perfectionner les traitements concernés

Faciliter les processus d’approbation

Établir un système de publication des informations unifié afin de simplifier et normaliser le processus d’acceptation des demandes

Améliorer les services

Réviser les lois et les règlementations en la matière et accorder plus de moyens pour améliorer la qualité des services

Des démarches simplifiées

Ces nouvelles fonctionnalités font du terme « carte verte chinoise » un mot en vogue sur les réseaux sociaux. Que ce soit à Beijing, à Shanghai, à Chengdu,à Chongqing ou au Jiangxi, toutes les régions distribuent la nouvelle carte de séjour aux étrangers. Les nouveaux titulaires arrivent des quatre coins du monde avec leurs différentes cultures, mais tous partagent l’amour pour la Chine. La carte chinoise de résidence permanente perd peu à peu son ancienne image de « carte verte la plus difficile au monde à obtenir ».

Elle reste beaucoup plus dif ficile d’accès que lagreen cardaméricaine. Certains affirment que l’on peut vivre une vie entière en Chine sans jamais pouvoir l’obtenir.

Selon les statistiques de l’ONU, le nombre d’étrangers établis en Chine est passé de 370 000 en 1990 à 970 000 en 2015.Parmi ceux-ci, seuls 10 000 environ sont titulaires de la carte de résidence permanente. En raison de cet accès dif ficile et surtout de la durée de traitement des dossiers, très peu d’étrangers béné ficient des facilités qu’offre la carte verte chinoise.Conséquence : les étrangers vivant en Chine et les Chinois de retour de l’étranger rencontrent toutes sortes de dif ficultés lorsqu’ils essaient de créer une entreprise ou de lancer un projet innovant. Ils ont toutes les peines du monde à obtenir les facilités que proposent les politiques incitatives, rencontrent des dif ficultés pour s’installer et inscrire leurs enfants à l’école, peinent à ouvrir un compte bancaire. Dif ficultés à attirer des financements, à postuler pour un brevet, contraintes politiques : tout contrarie la rencontre des cultures qui devrait au contraire être enrichissante pour tout le monde.

Ke Daoyou, professeur américain, raconte comment il a finalement réussi, en 2010, à obtenir la carte verte chinoise. Pendant trois ans, il a dû remplir des dossiers de plus de 100 pages, fournir des copies certi fiées de son doctorat, une attestation de son employeur, l’université Tsinghua,une lettre de con firmation de l’ambassade de Chine aux États-Unis. Pour remplir ses dossiers, il a dû visiter le bureau des Affaires civiles, l’ambassade américaine,le ministère de la Sécurité publique, le poste de police de son quartier, le comité des résidents…… « Pour obtenir ma carte,j’ai fait plusieurs fois la navette entre la Chine et les États-Unis. J’ai dû obtenir près d’une centaine de tampons. »

En 2013, la Chine a commencé à assouplir sa politique d’accueil des étrangers et publié laNote sur les questions concernant l’obtention de visa aux talents étrangers de haut niveau et la simplification de leur séjour en Chine. Cette note qui révisait la politique de 2004 a permis aux étrangers non susceptibles de demander une carte de résidence permanente d’obtenir un permis de séjour valide entre deux et cinq ans. En 2015, Shanghai, Beijing, Guangzhou et le Fujian ont lancé une nouvelle réforme similaire au système de la carte verte et proposé une série de politiques pratiques,parmi lesquelles une innovation importante qui consiste à assouplir un peu les conditions de demande de la carte de résidence permanente. L’éventail des activités ouvertes aux étrangers résidant en Chine de façon permanente s’est élargi : ce sont désormais sept types d’entreprise, dont les laboratoires nationaux, les laboratoires nationaux d’ingénierie ou les centres de recherche autorisés par l’État qui peuvent demander pour leurs employés une carte de résidence permanente en Chine. Cette politique d’assouplissement a permis à un plus grand nombre d’étrangers d’obtenir leur carte verte.

En 2016, le ministère chinois de la Sécurité publique a approuvé 1 576 demandes de carte verte, soit une augmentation de 163 % par rapport à l’année précédente.Fin 2016, on compte plus de 11 000 détenteurs de la carte verte chinoise.

Outre la résidence permanente, les services de la sécurité publique se sont également attachés à améliorer la politique d’octroi des visas, à fluidifier les entrées et les sorties du territoire, à faciliter les visites et le séjour des étrangers. Actuellement, 87 postes-frontières comportent un bureau de délivrance de visas ; 15 villes proposent une exemption de visa pendant 72 heures pour les étrangers de certains pays en transit.Les régions Jiangsu-Shanghai-Zhejiang appliquent l’exemption de visa pendant 144 heures pour les ressortissants de certains pays. En 2016, 56,53 millions d’entrées ou sorties d’étrangers ont été enregistrées en Chine, soit une augmentation de 8,89 % par rapport à l’année 2015.

Favoriser la libre circulation des talents

La mise en pratique d’un certain nombre de projets visant les talents de haut niveau,comme le programme des « Mille talents »montre bien les progrès qui sont faits dans le domaine de l’attraction des talents. En assouplissant les conditions d’obtention de la carte verte et en publiant au niveau national des documents-programmes clarifiant les conditions de la résidence permanente des étrangers, la Chine fait preuve de sa détermination pour accueillir des talents étrangers de haut niveau.

Le règlement de la nouvelle carte verte stipule que les étrangers d’origine chinoise titulaires d’un diplôme supérieur équivalant au doctorat peuvent demander directement un permis de résidence permanente sans recommandation du gouvernement ou de l’unité de travail ; les étrangers d’origine chinoise peuvent demander directement un visa de longue durée de cinq ans s’ils possèdent un certificat ou une garantie de regroupement familial ou un emploi qui suppose des négociations commerciales,des échanges scientifiques, éducatifs,culturels ou de santé publique, ou encore si des raisons personnelles le justifient.

Liu Guofu, professeur à l’Université polytechnique de Beijing, explique que la mise en pratique de la stratégie dite de « sortie du pays » et de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie fait que la Chine favorise une circulation internationale accrue des personnes. Une partie de ces personnes a vocation à obtenir un droit de résidence permanente. Il est donc logique, dans le contexte du développement du pays et des politiques qui le favorisent,d’élargir les conditions de la résidence permanente.

Pour encourager plus de talents étrangers à venir innover et créer des entreprises en Chine, des villes et des régions comme Beijing, Shanghai, le Guangdong ont créé,sur la base des statistiques et des priorités,un système de points s’appliquant aux talents étrangers, une politique préférentielle pour les étrangers d’origine chinoise. À partir d’un certain niveau d’impôts versés,leur permis de travail peut être transformé en permis de résidence permanente. De plus, suite à cette réforme de la carte verte, les talents étrangers employés à Zhongguancun (Beijing), dans la zone de libre-échange de Shanghai ou dans la zone de libre-échange du Guangdong pourront demander le statut de résidence permanente.

D’après Liu Guofu, cet assouplissement de la carte verte chinoise comporte toute une série d’avantages. D’une part, on peut s’attendre à une accélération de l’entrée des cadres internationaux, ce qui favorisera le développement de l’initiative des Nouvelles Routes de la Soie et enrichira les échanges entre la Chine et le reste du monde. D’autre part, l’intégration des étrangers ne pourra que stimuler la culture chinoise en accroissant sa diversité.

La mise en pratique d’un certain nombre de projets visant les talents de haut niveau, comme le programme des « Mille talents »montre bien les progrès qui sont faits dans le domaine de l’attraction des talents.

Stephon Marbury, âgé de 40 ans, est le premier bénéficiaire du statut d’« assistance étrangère active » de l’histoire de l’Association chinoise de basket-ball à obtenir la carte de résidence permanente en Chine.

*WANG KUAN est journalistefreelance.