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Investissement dans la santé

2015-11-09YuNan

中国与非洲(法文版) 2015年9期

Investissement dans la santé

Plus d'investissements privés donnent une nouvelle impulsion au secteur de la santé en Chine par Yu Nan

JEFFREy Williams n'avait pas pensé qu'il serait obligé d'aller à l'hôpital à Beijing l'été dernier, où il a attrapé une infection des voies respiratoires. Lorsque ce cadre supérieur d'une banque étrangère est allé dans un grand hôpital public, il a dû faire la queue pendant environ une heure avant de voir son médecin. Or celui-ci ne lui a consacré que cinq minutes, lui disant qu'il s'agissait d'une maladie commune et lui faisant rapidement une ordonnance.

La consultation et les médicaments ne lui ont coûté que 15 dollars. Mais Williams, pour plus de sécurité,a décidé d'aller dans un établissement médical de meilleure qualité. En 2014, Williams a opté pour un régime privé d'assurance maladie fourni par le Centre médical Bayley & Jackson situé au centre-ville de Beijing. ll s'agit d'un hôpital privé dont le siège se trouve à Hong Kong. Cette assurance premium lui coûte environ 30 000 yuans (4 690 dollars) par an et comprend des services de consultation et d'hospitalisation, des contrôles médicaux réguliers et même les frais d'hébergement.

La majorité des Chinois se font soigner dans des hôpitaux publics. Ceux qui optent pour des établissements médicaux privés les considèrent comme un service de luxe, plus rapide et personnalisé.

Les investisseurs ont un grand intérêt dans ce secteur [de la santé]et attendent des opportunités.

Simon Li, Directeur général chez Kantar Health à Shanghai,une société de conseil en soins médicaux

Un changement de tendance

Tous les jours, au célèbre Peking Union Medical College Hospital, on voit des centaines de personnes faire la queue dès l'aube au guichet. Les frais d'inscription varient de 5 yuans (0,78 dollar) à 14 yuans (2,2 dollars)en fonction du traitement. Mais si, traditionnellement,la plupart des hôpitaux publics dans les grandes villes chinoises sont financés par le gouvernement, on a assisté ces dernières années à une augmentation progressive des investissements étrangers dans ce secteur.

La plupart des capitaux étrangers ciblant le secteur sanitaire chinois se sont jusqu'à récemment dirigés vers les consommateurs haut de gamme, alimentés initialement par la communauté d'expatriés. Mais aujourd'hui, cette tendance est en train d'évoluer en faveur de la classe moyenne chinoise. « La moitié de nos malades en consultation externe sont des expatriés travaillant ou vivant en Chine, comme des diplomates et des dirigeants de sociétés étrangères. Et l'autre moitié de nos clients sont des citoyens chinois à revenus élevés. Nous nous faisons connaître par le bouche à oreille », indique Zhu Ying, président du Centre médical Bayley & Jackson à Beijing.

« Même si les hôpitaux publics fournissent des services de qualité, ici, j'ai l'avantage de pouvoir parler directement avec les médecins en anglais de mes antécédents médicaux », affirme Williams. « Et ma vie privée est mieux protégée. »

Par ailleurs, selon M. Zhu, les malades payant de leur propre poche un traitement dans un hôpital privé ont des attentes élevées et exigent des services professionnels et personnalisés.

La valeur du secteur sanitaire chinois devrait atteindre 8 000 milliards de yuans (1 250 milliards de dollars) d'ici 2020. Avec l'augmentation de leurs revenus, de plus en plus de Chinois exigent des services médicaux de standard international, indique Roberta Lipson, PDG de United Family Healthcare (UFH) et Chindex lnternational. En 2013, les malades chinois ont contribué pour environ un tiers aux recettes annuelles de l'UFH, estimées à 87,5 millions de dollars.

Un bon rapport qualité-prix

En août 2014, les autorités chinoises de la santé et du commerce ont publié une circulaire, encourageant l'établissement d'hôpitaux à capitaux étrangers dans sept municipalités et provinces : Beijing, Tianjin, Shanghai, le Jiangsu, le Fujian, le Guangdong et Hainan.

L'hôpital de peking Union Medical College

D'après les analystes, l'ouverture du secteur sanitaire stimulera des services médicaux haut de gamme. Au cours de la dernière décennie, le gouvernement a favorisé le développement des hôpitaux privés en assouplissant l'accès au marché ainsi que les politiques foncières et de capital afin de réduire la pression pesant sur le système de la santé publique.

Cindy Zheng, chef de bureau de l'agence chinoise d'une entreprise basée aux États-Unis, a bénéficié des services médicaux haut de gamme fournis par un établissement sanitaire privé. Âgée de 33 ans, Mme Zheng a eu une mauvaise expérience avec les soins anténataux de son premier enfant dans un hôpital public. « J'ai dû me lever à six heures du matin pour faire la queue pour l'inscription », avoue-t-elle à CHINAFRIQUE, se plaignant du surpeuplement et de longues files d'attente.

Lorsqu'elle attendait son deuxième enfant, Mme Zheng s'est donc tournée vers les services d'un établissement sanitaire privé, l'UFH, à Beijing. Les chambres, affirme-t-elle, étaient propres et calmes avec de meilleures installations médicales [par rapport aux hôpitaux publics]. Cela a aussi permis de réduire le temps d'attente pour la consultation.

Un accouchement dans un hôpital public à Beijing est souvent facturé de 4 000 yuans (625 dollars) à 5 000 yuans (782 dollars), alors que cela coûte dix fois plus à l'UFH. Mais pour Mme Zheng, faisant partie de la classe moyenne émergente chinoise, les services professionnels offerts ici sont dignes de leur coût.

Par ailleurs, les investisseurs se tournent de plusen plus vers ce secteur, conscients de son immense potentiel de développement.

Un hôpital privé

« Les investisseurs ont un grand intérêt dans ce secteur, et ils attendent des opportunités », indique Simon Li, directeur général de Kantar Health à Shanghai,une société de conseil en soins médicaux, ajoutant que la croissance du marché signifie qu'il y a encore beaucoup de besoins médicaux insatisfaits.

Signe de la demande croissante de services médicaux de haute qualité, davantage d'hôpitaux privés ont ouvert leurs portes en Chine. En fin septembre 2014,il existait 11 963 hôpitaux privés, soit une hausse de 11 % par rapport à la même période de l'année précédente, selon la Commission nationale de la Santé et de la Planification familiale chinoise.

Fondé en 2004, l'Amcare Women's & Children's Hospital de Beijing a eu un développement satisfaisant. En mai 2013, l'Amcare a atteint plus de 10 000 accouchements et son revenu total a augmenté de 50 % pour atteindre 300 millions de yuans (47 millions de dollars). Ces succès ont attiré l'entreprise Warburg Pincus LLC, basée aux États-Unis, qui a investi, en 2014, 100 millions de dollars dans le développement de l'Amcare. Aujourd'hui, l'Amcare occupe environ la moitié de la part de marché en matière de services médicaux privés haut de gamme pour les femmes et les enfants à Beijing.

Goulets d'étranglement

Face aux problèmes tels que le manque de lits et de médecins ainsi que le surpeuplement chez les hôpitaux publics, les hôpitaux privés sont devenus un volet important de la réforme du système sanitaire. En 2015, les institutions médicales non publiques devraient fournir 20 % de tous les lits d'hôpitaux et des services médicaux.

Mais si les investisseurs sont prêts, on manque encore de personnel qualifié. En 2012, la Chine disposait de 14,6 médecins pour 10 000 personnes, contre 38,5 en Australie, 24,2 aux États-Unis et 17,6 au Brésil, selon l'Organisation mondiale de la Santé.

« Nous manquons de personnel médical », indique Hu Lan, PDG de l'Amcare. « Nous espérons attirer plus de personnel qualifié. »

Yu Ying, une ancienne employée du célèbre Peking Union Medical College Hospital, a créé une clinique en partenariat avec l'Amcare. Pour elle, sa démarche visait à établir un modèle de service conforme à son concept de « bonheur et respect [pour le traitement et la guérison] ».

« Les médecins des cliniques privées ne gagnent pas les salaires moyens les plus élevés du secteur,mais chacun d'entre eux veut inventer des modes de traitements différents et apprendre divers systèmes de gestion permettant une meilleure efficacité », explique Mme Yu. « C'est le meilleur moment[pour les services médicaux privés], avec l'injection de plus de capitaux privés et l'assouplissement des politiques. » CA

✉ yunan@chinafrica.cn