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Une coopération croissante

2015-11-08NiYanshuo

中国与非洲(法文版) 2015年2期

Une coopération croissante

AGRICULTURE HI-TECH

Une entreprise agricole chinoise utilise les technologies pour accroître sa coopération avec les fermiers africains par Ni Yanshuo

Il est impossible d'avoir des retours économiques rapides dans les projets agricoles. Cela nécessite donc une vision à long terme.

Shi Jingui, Expert agricole, China State Farms Agribusiness(Group) Corp.

L'EXPERT agricole Shi jingui ne comprenait pas pourquoi les projets de son entreprise en Afrique ne produisaient pas les résultats attendus. Cela faisait quelque temps que cet expert agricole,qui travaille en Afrique depuis plus de 10 ans, se posait la question.

« Nous avons des projets de coopération agricole dans plusieurs pays d'Afrique, mais ils n'ont pas généré de bénéfices économiques satisfaisants. Nous observons une croissante relativement faible,en dépit de l'accueil chaleureux des locaux et de tous leurs efforts », explique Shi à CHINAFRIQUE.

Des réponses ont émergé de la Conférence Centrale sur le Travail Rural qui s'est tenue les 22 et 23 décembre 2014. Cette conférence annuelle, destinée à discuter des politiques agricoles chinoises,a proposé des solutions pour moderniser le secteur agricole et le rendre plus innovant. La réforme des entreprises agricoles d'État a également été évoquée.

« La modernisation est la clé du développement agricole et de la croissance, surtout dans les grands groupes agricoles publics », affirme Shi, qui ajoute que ces groupes sont désormais le principal moteur de la production agricole chinoise.

« Les technologies avancées et les machines donneront un nouvel élan à la modernisation des groupes publics », explique-il. Selon lui, l'innovation est également nécessaire pour rendre viables les projets en Afrique.

Un moteur pour la technologie

Shi est désormais plus optimiste sur le développement des projets en Afrique. « Même s'ils sont menés sur une plus petite échelle, explique-t-il, les projets de coopération en Afrique ont également besoin de modernisation pour poursuivre leur développement. Nous espérons saisir cette opportunité. »

Créée le 5 mars 1980, l'entreprise China State Farms Agribusiness (Group) Corp. (CSFAC) est l'un des plus grands groupes agricoles publics en Chine. Elle se distingue des autres groupes par l'importance de son investissement dans la coopération agricole en Afrique.

Selon Shi, le CSFAC a désormais une certaine expérience des projets en Afrique et cherche à accroître leur taille. Le groupe mène actuellement six projets agricoles dans six pays africains. ll a mis en place des programmes d'aide gouvernementale ainsi que des programmes orientés vers le marché.

« En ce qui concerne les projets gouvernementaux, explique Shi, nous mettons en avant leur fonction sociale en prouvant que les technologies agricoles chinoises peuvent venir en aide aux fermiers locaux. Nous les formons à des méthodes de production plus scientifiques, qui fonctionnent aussi très bien en Afrique. »

En ce qui concerne les projets orientés vers le marché, qui ne reçoivent pas de subventions gouvernementales, Shi met en avant les profits économiques : « Après plusieurs années d'efforts, nous avons acquis de l'expérience et plusieurs projets ont obtenus de bons résultats.

Un élevage de poulets à Boffa, à 130 kilomètres de Conakry, la capitale de Guinée, est l'un deces projets. Lancé en 1996, il était à l'origine un programme gouvernemental, mais s'est ensuite réorienté vers le marché.

Le projet d’élevage de poulets en Guinée

« Même si les profits économiques ne sont pas très élevés, le projet s'est poursuivi pendant 20 ans grâce à ses seuls profits, explique Shi. ll a en outre une dimension sociale importante et a permis de dynamiser l'industrie locale du poulet. »

L'élevage produit des poulets de qualité et utilise des technologies avancées pour les nourrir et les

vendre aux fermiers locaux. Les fermiers tirent profit de la vente des œufs, et ils sont formés à l'élevage scientifique et à la prévention des épidémies.

Selon Shi, c'est un mode de développement très positif. D'une part, l'élevage utilise ses propres profits pour se développer ; d'autre part, il permet de créer des emplois et de stimuler l'industrie

locale du poulet. L'élevage a désormais plus de 200 employés locaux. L'expert conclut que ce premier projet orienté vers le marché du CSFAC en Afrique a été une réussite.

Le CSFAC aura bientôt un deuxième élevage de poulets en Afrique. Le groupe a également mis en place un centre de démonstration agricole au Bénin en 2011. Ce centre a reçu des subventions gouvernementales pendant quelques années, mais il doit maintenant se développer grâce à ses propres profits. « Nous transformeront une partie du centreen élevage de poulets sur le modèle de celui de Guinée », explique Shi.

L’élevage de poulets offrede nombreuses opportunités aux fermiers guinéens

Shi Jingui inspecte une ferme enGuinée

Plus de valeur ajoutée

Shi admet que les projets agricoles, en particulier ceux qui concernent la culture céréalière, impliquent des investissements et des risques élevés, pour des profits relativement faibles. « ll est impossible d'avoir des retours économiques rapides dans les projets agricoles. Cela nécessite donc une vision à long terme », explique-t-il.

Selon lui, la clé du problème réside dans l'introduction d'une chaîne industrielle : « ll est vrai que les revenus de l'industrie céréalière sont peu élevés,mais nous pouvons développer la transformation céréalière, qui a plus de valeur ajoutée. »

Le CSFAC a mis en place au Cambodge un projet de filière agricole complète, qui comprend la culture,la transformation, la vente, le stockage et le transport des céréales. « De cette manière, explique Shi,les sections à bas profit sont compensées par celles à haut profit, pour assurer la viabilité de l'ensemble du projet. » Cela permet aussi aux locaux de transformer leurs céréales à bas coût.

Dès que cette expérience aura fait ses preuves,Shi souhaite l'introduire en Afrique.

Sur ce continent, la coopération est la bienvenue. Comme l'a affirmé l'ambassadeur de Tanzanie en Chine, Abdulrahman Shimbo : « La coopération sinoafricaine dans l'agriculture est très importante et devrait être menée sur une base équitable et selon le principe du gagnant-gagnant. »CA

✉ niyanshuo@chinafrica.cn

EN COUVERTURE

La filière agricole

Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, plusieurs groupes agricoles publics ont été créés pour mener à bien la production et la transformation agricoles. Équipés de machines agricoles modernes,ces groupes possèdent de larges terres ainsi qu’une grande capacité de transformation des produits agricoles. Ils sont généralement reconnus comme des « équipes nationales » de production agricole, dont la tâche principale est de préserver la sécurité alimentaire du pays.

Des statistiques du ministère de l’Agriculture montrent que les exploitations agricoles d’État sont au nombre de 1 785 et couvrent 6,12 millions d’hectares, soit 5 % de la surface cultivable du pays. Au total, on compte plus de 3 200 entreprises d’État dans les domaines de l’agriculture, de la forêt, de la pêche et de l’élevage. En 2014,ces entreprises ont produit 36 milliards de kg de céréales et leur produit intérieur brut a dépassé 650 milliards de yuans (104,84 milliards de dollars).

Ces groupes ont également de lourdes responsabilités sociales : ils possèdent par exemple des écoles et des hôpitaux. Selon Wang Shoucong, directeur du département des exploitations agricoles d’État et de la réclamation des terres au sein du ministère de l’Agriculture, il faut encourager ces groupes à diminuer le poids de ces fonctions supplémentaires, afin de faciliter leur modernisation.

« Avec ces réformes, nous espérons augmenter la capacité opérationnelle des exploitations d’État et renforcer leur fonction économique », affirme Wang. Il conclut que l’objectif des réformes est de développer et de moderniser le secteur agricole d’État.